"Eli, Eli, Lamma Sabachtani"? Selon l'évangile de Mathieu mais aussi de Marc, c'est dans ce dernier cri de désespoir que Jésus aurait rendu son dernier soupir. Et les deux évangélistes de traduire par "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné"? Jésus doutant de Dieu, voilà qui rendit perplexe des générations de commentateurs bibliques et donna lieu à des interprétations ahurrisantes. On retiendra seulement dans l'expression de ce doute, l'expression bien humaine du doute face à l'échec ou la mort.
- Replaçons maintenant ce cri dans le contexte biblique:
"Or depuis six heures il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu'à neuf heures. 46Et environ les neuf heures Jésus s'écria à haute voix, en disant : Eli, Eli, lamma sabachthani? c'est-à-dire, Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné? 47Et quelques-uns de ceux qui étaient là présents, ayant entendu cela, disaient : il appelle Elie. 48Et aussitôt un d'entre eux courut, et prit une éponge, et l'ayant remplie de vinaigre, la mit au bout d'un roseau, et lui en donna à boire. 49Mais les autres disaient : laisse, voyons si Elie viendra le sauver. 50Alors Jésus ayant crié encore à haute voix, rendit l'esprit."
( Martin Bible, Mathieu 27)
On remarquera que Jésus se fit appeler le plus souvent "fils de l'homme" et que l'expression "fils de Dieu" ne se retrouve que dans le récit de son procès, je renvoie le lecteur à la lecture des vidéos ci - dessous. D'autre part, dans une tradition orientale, Thomas, rédacteur d'un évangile apocryphe aurait été le frère jumeau de Jésus. On peut se demander si le récit de la transfiguration où "Jésus" apparait entouré par Moïse et Elie, n'est pas le reliquat d'un Jésus historique ayant un jumeau dont l'un aurait été considéré comme la réincarnation de Moïse, l'autre d'Elie. Aussi bien dans l'évangile de Mathieu que dans l'évangile de Marc(15), il est question de témoins qui comprennent qu'il appelle "Elie" à son secours. Le plus vraisemblabe est donc qu'effectivement il interpelle un certain "Elie", la traduction par "mon Dieu" des évangélistes semble plus probable lié à la conception plus tardive de "Jésus fils de Dieu" introduite ultérieurement, conception que ne partageait pas notamment Thomas l'évangéliste ni d'autres juifs le considérant comme prophète(les "mi - juifs" fut l'expression de l'église pour désigner les juifs voyant en Jésus un prophète sans lui reconnaître de caractère divin). On connait la suite: un légionnaire au pied de la croix croit en lui, Joseph d'Arimathie réclame son corps, Jésus est descendu de la croix sans avoir les jambes brisées, tenu pour mort, et pour s'en assurer, le légionnaire lui perce le flan de sa lance. Thomas aurait évangélisé en Asie du et serait mort le dos percé d'une lance.
On peut supposer que si Jésus et Thomas était effectivement deux jumeaux dont la tradition fit d'eux un seul Jésus, sans doute pour la même raison que Jésus ne pouvait en tant que fils de Dieu avoir des frères selon l'église et que le mot "frère" aurait désigné ses cousins, cette confusion fut renforcer parce qu'ils jouaient sans doute de leur ressemblance pour déconcerter leurs ennemies: l'un se montrant pour l'attirer quand l'autre était en mauvaise posture et risquait d'être pris. Dans ce scénario, on peut donc se demander si par la suite l'histoire des deux fut mélangé dans le récit d'un seul personnage, d'où la lance du légionnaire perçant le flan du crucifié. La vidéo ci dessous montre la description de deux Jésus: l'un pieux disciple de Jean Baptiste, l'autre débonnaire, ne respectant pas le sabbat, et dans le récit de l'eucharistie semblant vouloir initier ses disciples au mithraïsme, religion monothéiste répandue dans l'empire romain antérieur au christianisme, basé sur le culte du soleil. Peut être l'éponge contenait une drogue le longeant dans un état plus ou moins léthargique, peut être donc fut-il supplicié et non pas tué sur la croix, peut être son adhésion au mithraïsme répandu dans les légions romaines le sauva, décribilisé par sa mise en croix, il ne représentait plus un danger pour Rome, sauf si un séïsme fut vécu comme la manifestation de la colère divine. Thomas continua l'évangélisation, nul doute cependant que Rome ne pouvait laisser vivre le frère jumeau d'un homme qui jugé apostat par les siens, devenait à son tour prétendant royal légitime même s'il s'agissait d'un ascète préférant l'évangélisation à l'intrigue politique qui avait déjà fait coulé tant de sang.